mardi 26 juin 2012

T O U N D R A

Elle n'a jamais demandé à avoir des hanches, des quilles de part et d'autre qui alourdissent encore ses glissades, ses frôlements, sa façon pataude de mettre un pied devant l'autre. Si on avait sollicité son avis sur la localisation idéale de futurs appendices graisseux, elle aurait pointé un doigt vindicatif vers ce buste où s'étire du côté droit une cicatrice évidente, un creux, un manque à gagner. Elle n'en prend d'ordinaire pas ombrage, mais à choisir, ah, à choisir. Elections, renoncements, valse-hésitation avortée : plus de mari braconnier, plus de peaux de rennes à tanner les jours froids, pas non plus d'harponnage en plein coeur chaque fois que la tempête de neige fait rage et que les hommes risquent de manquer à l'appel. Le confort d'un foyer régulé au cordeau, plus aucune incertitude quand le ciel s'assombrira.

Mamelons en point de mire, loin de ceux d'une nourrice : il y a toute la tendresse accumulée chez cette femme-là qui refuse obstinément de poindre, qui fait défaut depuis quatre saisons ou cinq. Le dégel tardera encore à arriver.

Aucun commentaire: