dimanche 29 avril 2012

M I R E L L A

Mirella, moue butée et salopette, piaille un définitif :"Il la mérite, sa place à part". En face d'elle, sceptique, l'employé du chemin de fer dévisage cette fille-brindille aux cheveux tressés lâchement qui n'en démordra pas avant qu'il obtempère."Je n'ai jamais eu l'heur de connaître ce type de situation délicate. Repassez lundi, mon supérieur tranchera." Il a beau feindre la diplomatie de façade, ses bornes s'effritent, et ce qui se joue à cet instant s'apparente moins à un deal à la régulière qu'à une tentative de Sergio Leone de faire dans le drame urbain. Autant botter en touche, confier la bombe à un tiers. Elle tourne déjà les talons, l'objet du contentieux sous le bras. Malgré le bruit de fond de la salle des pas perdus, Gilbert entend clairement ses derniers mots, ils ne lui sont pourtant pas adressés :" Viens Marlon, c'est toujours pareil, ils ne peuvent pas comprendre." Entre vous et moi : Mirella aura trente ans dans deux jours, mais les tigres en peluche ne répondent jamais.

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